Le Temps fait et défait ... avec notre consentement
On a souvent dit, ou entendu dire que le Temps faisait les choses et les défaisait... Mais je pense que c'est se dédouaner de beaucoup de choses si on ne laisse que l'aspect du Temps, car il fait et défait ce que nous voulons bien qu'il fasse. Et surtout d'un point de vue inconscient, mais l'inconscient c'est nous. C'est cette petite voix qui voudrait s'exprimer mais que le conscient combat.
J'ai laissé faire, je me suis inconsciemment laissée porter par les évènements. Cette rencontre avec "l'Elu" était une fuite en avant, un peu de poudre aux yeux, j'avais choisi là encore peut-être la facilité et j'ai récolté les fruits de cet abandon à autrui. Car je pense que nous sommes nos propres forgerons, nous nous construisons nos vies, et avons tous tendance à choisir ce qui semble la voie la plus facile en occultant les choses importantes. C'est normal, c'est humain, mais nos maux, nous nous les faisons subir nous-mêmes. Je ne pense pas faire rejaillir sur celui qui fût mon compagnon et mari toutes les causes et conséquences de notre relation. Ce serait, là encore, bien trop facile, encore une fuite, un aveuglement.
Je profite de ce bouleversement pour faire un grand ménage de Printemps ! A 36 ans il était temps d'ouvrir les fenêtres au Printemps ! Quoique il n'y a pas d'âge pour cela, chaque moment de la vie est propice à la réflexion et au travail sur soi. Je ne veux pas me voir avec complaisance, telle que j'aimerais être mais telle que je suis vraiment.
Voilà pourquoi j'ai envie d'écrire le cheminement de vie que j'ai expérimenté.
Je n'étais pas "heureuse" depuis le début de cette histoire. Mes proches le ressentaient, mais... MAIS ! Il appartient à chacun de faire ses choix et d'apprendre. J'ai voulu me conforter dans une vision abstraite du couple, du mariage, des enfants qui allaient venir. Je pensais que le fait de faire des concessions pour l'Autre était tout à fait normal, oui... Mais lorsque c'est partagé. Quand on commence à perdre pied et à se rendre compte de son aveuglement, il est déjà un peu tard. L'Autre a pris des habitudes, et pourquoi changer ?
En fait je ne voulais pas que ça change au fond. J'avais envie de me libérer et j'ai voulu aller au bout. Tout en espérant recoller les morceaux, là encore en me voilant la face. L'être humain est compliqué, toujours pris entre son devoir, ses envies, sa morale, son éducation, la société... Des freins, des garde-fous en somme.
J'avais évoqué le fait dans un précédent message la désillusion que j'ai ressenti lorsque j'ai annoncé ma première grossesse à mon "Elu". Je crois que cette désillusion a toujours été présente et ce, jusqu'à maintenant. Trois ans plus tard, je retombais enceinte... Je ne prenais plus la pilule et mon mari le savait. Je n'ai pas eu à lui annoncer la nouvelle puisqu'en cherchant un briquet dans mon sac, il est tombé sur le test, la petite peluche que j'avais acheté pour lui et la bouteille de champagne. Il s'est écrié : "Quoi ?! Tu es encore enceinte ?!"... J'étais dans une autre pièce et mon coeur s'est serré d'un coup. J'ai pris sur moi, et même si je m'attendais à une autre réaction de sa part, je restais heureuse de cette grossesse. J'étais très heureuse... pour moi. S'il le prenait comme ça, finalement ... tant pis pour lui. Pourtant je lui avais dit de faire attention, il a pris le risque à chaque fois, en conscience.
Notre vie s'est peu à peu éloignée. Quoi de plus "commun" ? Beaucoup de couples s'éloignent ainsi... Je crois que je n'ai rien fait pour le retenir. J'étais seule, seule avec mon premier enfant, seule en étant enceinte, toujours seule... J'en prenais mon parti, mais le fossé s'était bien élargi. Pourtant je tentais de communiquer, de le rassurer. Je pense que nous n'étions plus du tout "ensemble".
Je ne sais toujours pas vraiment pourquoi l'engagement a eu cet effet là. Mais ce que je pense c'est que nous n'étions pas fait pour vivre en harmonie les évènements importants qui jalonnent une vie. Nous le vivions différemment, lui subissait d'une certaine façon, et moi également. Quelle suite m'attendais-je à trouver ? Comment peut-on rester aussi aveugle ? Sourd face à sa petite voix intérieure qui disait "ce n'est pas lui, ce n'est plus lui". On se bat bien sûr, on veut réussir, on veut tenter quelque chose... Mais nous sommes toujours rattrapés ! Le Temps fait son oeuvre avec toutes les pensées des deux êtres, il défait cette union qui ne rime pas à grand chose, sauf à assumer le quotidien. On cohabite comme des colocataires, on se voit le moins possible à deux.
Finalement tout ça est très logique, je ne vois pas comment je ne l'ai pas vu arriver avant !